Al-Suwaidi : L’art développe le sens esthétique de l’artiste et du destinataire

La culture est une caractéristique humaine puisqu’elle est créée par l’homme. Elle est un élément important dans sa construction/ structure psychologique, personnelle et intellectuelle. Lorsque la société préserve sa culture, elle préserve, en parallèle l’être humain lui-même, son identité, sa langue, son héritage, et son patrimoine. L’importance de la culture, c’est qu’elle est la mémoire de la race humaine, car elle est une source importante qui permet de connaitre l’histoire et le développement des peuples. La culture dominante, dans laquelle l’individu vit, l’aide également à se sentir uni à autrui et fier d’appartenir à une certaine culture qui lui octroie un ensemble de modèles de comportement dans les simples détails de sa vie quotidienne. Ces modèles se développent avec l’évolution de la société et ainsi ils changent constamment et rapidement. La culture fournit, également, aux sociétés des croyances, des valeurs, des principes et des systèmes qui permettent la collaboration et l’adaptation entre ses membres.
Certaines questions peuvent nous paraitre faciles ou évidentes ici, telles que : Qu’est-ce que la culture ? Comment l’acquérir ? Qui est l’intellectuel ? S’agit-il d’un processus individuel ou bien collectif ? Néanmoins, ces questions nous mèneront à des analyses de penseurs et de sociologues, dont chacun a une approche qui diffère, d’une manière ou d’une autre, de celle de l’autre. La culture est essentielle à l’existence humaine. Son acquisition est un processus continu et cumulatif, car l’individu peut l’acquérir à un âge précoce de sa vie et auprès de plusieurs sources telles que les parents, l’école et la société. La culture est également transmise dans une manière dynamique d’une génération à l’autre avec l’ajout de caractéristiques culturelles qui se transforment avec le temps. elle peut pareillement être acquise par la prise de conscience de l’individu, voire inconsciemment parfois, en observant le comportement des autres et en interagissant continuellement avec eux. Vivre dans des sociétés de culture différente permet d’intégrer une partie de la nouvelle culture dans la culture de l’individu lui-même.
Un concept de multiples aspects
La traductrice du livre «Culture» – publié à «Dar Al-Mada» – l’écrivain Latifa Al-Dulaimi a souligné, dans son introduction, la problématique du mot culture en termes de/ sur les niveaux concept et d’applications. Il est difficile de l’abréger en une définition simple et directe. Le mot «culture», lui-même, est l’un des trois mots les plus difficiles de la langue anglaise, par exemple. Il s’agit d’un concept à multiples aspects, qui peut parfois être synonyme et s’entremêler avec d’autres termes tels que civilité ou civilisation, et il est essentiellement un ancien mot français avec des origines dans la langue latine et signifie garder des champs ou des troupeaux de bétail. Il ne signifiait pas ou ne désignait pas une situation, mais plutôt l’acte de cultiver la terre et cela c’était le vrai sens de ce mot à cette époque. Le mot «culture» est entré dans le lexique de l’Académie française au dix-huitième siècle, et a commencé à s’imposer symboliquement, et l’additif s’y est attaché et on a fini par dire «La culture des arts», «la culture de la littérature», «La culture de la science» ainsi que d’autres désignations/ appellations. À la fin du même siècle, le mot «culture» a été libéré de tout additif et a fini par être utilisé tout net pour désigner la formation et l’éducation de l’esprit au moyen/par l’éducation.
Il faut aussi vérifier le sens du mot «culture» dans la langue arabe. Le «dictionnaire Al-Waseet» la définit comme : sciences, savoirs et arts dans lesquels la virtuosité et l’intelligence sont recherchés. Dans la Mu’allaqā* de ’Antara Ibn Chaddâd Al’Absi,nous pouvons lire ce ver :
Et mes mains lui ont lancé généreusement une flèche hâtive// aiguisée, perçante, redressée et dont la pointe est excellente…
Là où le mot «aiguisée» renvoie à une lance qui était à l’origine un bâton d’arbre taillé et poli et rendu droit, purifié de toutes impuretés, et de ce sens le mot «cultivé» a pris sa connotation pour signifier que le cultivé est une personne qui a appris, lu, suivi, s’est raffiné, a redressé son comportement et est devenu un intellectuel.

Primitive culture d’Edward Burnett Tylor
Une critique du présent ou une image du futur ?
Le concept de culture se distingue par sa présence dans différents types de sciences. Il est utilisé en psychologie, en philosophie, en sciences humaines, en sociologie et en économie. Par conséquent, ses définitions diffèrent et varient selon la science qui en traite. La définition la plus connue de la culture se manifeste dans le livre d’Edward Burnet Tylor «Primitive Culture», où il la décrit comme « une composante complexe composé de littérature, de foi, d’art, de morale, de droit, de coutumes et d’industrie qu’une personne acquiert en tant qu’individu dans une société», tandis que le même professeur d’anthropologie la définit dans son livre «Un miroir pour l’homme» -, comme elle a été mentionnée dans le livre «Opalescence des miroirs » de Khalida Hamed, chercheuse universitaire, romancière et traductrice universitaire, – en tant qu’une totalité de la vie humaine et un héritage social que les individus acquièrent à travers leur adhération dans un groupe spécifique. C’est alors que l’écrivain Terry Eagleton, critique, philosophe, théoricien de littérature et chercheur dans le domaine des études culturelles et de la politique culturelle, la définit comme «un modèle de notre façon de vivre, une forme d’auto-structuration ou de réalisation de soi, ou le fruit d’un ensemble de formes de vie pour un grand groupe de personnes. La culture peut être une critique du présent ou une image de l’avenir… », et ici il désigne son caractère prédictif et sa capacité à déterminer le style et le comportement d’une personne et ce qu’elle peut faire dans le futur.
Eigleton considère également la culture comme un terreau fertile dans lequel le pouvoir peut germer. La culture peut signifier une accumulation de travail artistique et intellectuel, ou un processus par lequel se déroule et se réalise le progrès spirituel et mental. Elle est aussi les habitudes, les croyances et les pratiques symboliques que les gens utilisent dans la vie. Elle peut aussi être la méthode holistique adoptée dans la vie, cela peut signifier la poésie, Ou la musique, les variétés de nourriture, le type de sport et la forme de religion.
La culture … est puissance
Dans une interview avec Eagleton, il a indiqué que la culture peut être plus dangereuse que beaucoup de gens ne le conçoivent car il est rare de s’attaquer ses aspects négatifs. L’histoire témoigne des pratiques des pays coloniaux qui ciblent les cultures des peuples dominés et combattent le patrimoine, les valeurs, et les croyances qui sont les éléments de base de la culture, tout comme la langue qui est considérée comme le plus important transmetteur/ porteur de la culture. La culture est devenue un moyen de réalisation de la douce puissance pendant la guerre froide, puis elle s’est transformée en une arme de mondialisation qui cherche à étendre l’emprise du capitalisme symbolique soutenu par des artefacts matériels qui peuvent élever l’effet d’économies supérieures et consolident leur pouvoir sur la scène mondiale. Comme ça, la culture est passée d’une partie de la solution à une partie du problème. Le but de la culture, selon son concept original, est d’être un agent de changement. Elle doit être un moyen de conduire le développement social vers une meilleure condition humaine mondiale.
Élite culturelle
Dans la préface de son essai « Littérature et dogme », Matthew Arnold, considère la culture comme une mixtion de rêves et de désirs qui se réalisent à travers le labeur de ceux qui sont disposés et capables d’atteindre ces rêves et de satisfaire ces désirs. Il a ardemment défendu son opinion dans son autre livre « Culture ou anarchie », soulignant que la culture cherche à se débarrasser de l’inégalité et aspire à diffuser la connaissance et la bonne réflexion dans le monde. Bref, la culture est une passion de la bienveillance et de l’amour et le plus important, c’est qu’elle cherche constamment à réaliser leur excellence et leur suprématie.
Dans une expérience sociale menée par le célèbre sociologue de l’université d’Oxford John Goldthorpe, treize chercheurs sont arrivés à la conclusion qu’il n’était plus possible de distinguer l’élite culturelle aussi facilement que comme dans le passé, par rapport à d’autres sur l’échelle culturelle selon des caractéristiques anciennes comme : assister régulièrement à des concerts, des spectacles musicaux, des opéras, ou s’enthousiasmer pour chaque art raffiné et se plaindre de ce tout qui est populaire ou banal/ vulgaire comme les chansons pop. Cela ne peut pas nier, non plus, l’existence d’intellectuels au sens ancien habituel, parce que les élites culturelles existent toujours, cependant, la diversité de leur consommation culturelle de divers arts classieux et populaires en même temps, tout comme le terme de Richard Peterson a décrit ses membres comme ceux « qui dévorent tout» ! étant donné que leur propre consommation culturelle comprend l’opéra, la musique punk, les beaux-arts élitistes et la télévision grand public, c’est-à-dire un mélange de consommation, comme le dit Stephen Fry, selon ce qui a été mentionné dans le livre «La culture dans un monde moderne liquide» du sociologue polonais Zygmunt Baumann.
Parler de culture peut être long et vaste, car elle est dans un état continu de création, de créativité et de diffusion, et la contradiction entre ce qui est traditionnel et ce qui est moderne peut y converger, et il y a une grande différence entre le spécifique et le général, et il est nécessaire de faire la distinction entre la culture et l’œuvre culturelle qui représente la production elle-même, que ce soit sur le plan culturel ou artistique. Cette œuvre culturelle comprend la littérature, la peinture, la sculpture, la poésie, le chant, le théâtre, la musique, et qui sont tous uniques les uns aux autres. L’une des caractéristiques les plus importantes de la culture est qu’elle encourage la coexistence avec d’autres cultures prévalentes dans toutes les régions du monde et le respect de toutes les cultures interactives est une exigence fondamentale, avec l’obligation de la sympathie afin de répandre la paix et la sécurité dans le monde. Nous devons continuer à préserver notre propre culture et la transmettre aux générations futures, tout en veillant à ne pas les détourner de notre culture arabe et islamique, qui s’est étendue jusqu’à nos jours, pour assurer le progrès et la renaissance de notre nation afin de créer une société meilleure plus consciente, plus éclair et plus cultivée.
Note :
* Les Mu’allaqāt : les Suspendues ou les Pendentifs, sont un ensemble de qasidas/ poèmes préislamiques jugées exemplaires par les poètes et les critiques arabes médiévaux. Rassemblées à la même époque que les Asma’iyyât et les Mufaddaliyyât, les Mu’allaqât constituent la plus célèbre des anthologies de la poésie préislamique. Elles occupent une place centrale dans la littérature arabe, où elles représentent les pièces les plus excellentes d’une poésie qui fournit à l’époque classique ses genres majeurs, ses valeurs et ses thèmes paradigmatiques. (Wikipédia)